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"Mbappé ? Les gens qui n’ont rien fait de leur vie disent qu’il a le melon"

A l’affiche de la dernière série de TF1 « Syndrome E » et du prochain film d’Olivier Marchal « Overdose », Kool Shen (56 ans) partage l’essentiel de son temps entre les tournages et les tables de poker. Présent la semaine dernière à Bratislava aux côtés du Team Pro de Winamax pour disputer le Winamax Poker Open, Bruno Lopes, de son vrai nom, a trouvé quelques minutes pour évoquer une autre de ses passions de toujours : le foot. Sans cacher son inquiétude pour la suite de la saison du PSG comme à propos des chances des Bleus de rester champions du monde.

Kool Shen, vous apparaissez à l’affiche de la nouvelle série de TF1 « Syndrome E », ce n’est pas rien… 
Je suis plutôt très content du projet, j’étais déjà très content quand j’ai rencontré l’équipe. Déjà, j’étais impressionné, parce que le casting est de qualité, et je suis très content du résultat. Le scénario que l’on m’avait posé sur la table était très intéressant, le rôle m’intéressait beaucoup. Après, tu es juste le maillon d’un truc, tu apparais dans certaines scènes et il reste à monter ce truc magique qui devient un film ou une série. Et je suis hyper fier du résultat et les gens très contents.

Vous incarnez un flic et semblez dire que vous préférez jouer un flic plutôt qu’un voyou, est-ce le cas ?
J’avais dit ça dans une interview, donc c’est ressorti un peu partout. Mais en réalité, pas spécialement. Si le rôle du voyou est intéressant, c’est mieux de jouer un voyou intéressant qu’un flic pas intéressant. Après, c’est plus par rapport à la caricature. Jouer un dur pour jouer un dur, s’il n’a pas un truc en plus, ça ne m’intéresse pas spécialement. Il faut que le mec ait un truc en plus.

Doit-on s’attendre à vous voir régulièrement sur les écrans désormais ?
Oui, j’espère. Je suis dans le prochain Olivier Marchal (« Overdose »), qui sortira sur Amazon en fin d’année. Le casting est énorme là aussi. Je viens de le voir en projection privée… C’est du Marchal quoi. Ca envoie du très très lourd (sic). Quand la proposition s’est présentée, j’étais comme un gosse.

Il y a eu le biopic « Suprêmes », la série « Le monde de demain » arrive…
C’est magique. Déjà que quelqu’un s’intéresse assez à nous pour faire un biopic sur vous, c’est un honneur. Surtout qu’en général, les gens sur qui on fait un biopic sont morts (rires). Et nous, on est encore vivants. C’est génial ! Et la série qui arrive sur Arte et Netflix, c’est énorme ! Le travail de Katell Quillévéré et d’Hélier Cisterne a été impressionnant. C’est à travers NTM mais c’est surtout l’arrivée du hip-hop en fin des années 80 et ce gros truc des banlieues qui est sorti un peu partout à travers la culture hip-hop. On avait commencé à voir d’autres têtes à la télé, et c’est vraiment hyper bien adapté. Et comme c’est une série, ça a le temps de raconter beaucoup plus de choses par rapport à « Suprêmes ».

Comme pour « Suprêmes », avez-vous été conquis par le jeu des acteurs qui vous interprètent ?
Melvin Boomer, qui fait Joey Starr, est juste incroyable. C’est carrément du mimétisme, et il n’y a pas que le fait de ressembler, il faut jouer aussi. J’en sais quelque chose. Quand tu arrives sur un projet et que tu n’as jamais joué, c’est un sacré boulot et une pression sur les épaules. Anthony Bajon, qui me joue moi, est énorme aussi, mais Melvin n’avait jamais joué et franchement, il est étonnant. Je ne pensais pas que ça pouvait être aussi fort. Mais comme pour « Suprêmes » d’ailleurs. De toute façon, pour faire quelqu’un qui est différent de toi, je suppose que c’est compliqué. Sandor avait bossé à mort. D’ailleurs, il a été nommé aux Césars. Il ne l’a pas eu malheureusement. Mais j’ai trouvé sa prestation extraordinaire.

« Le foot, c’était mon truc avant de devenir pro »

Dans « Le Monde de demain », ça va encore plus loin visiblement ?
Je ne pensais pas que ça pouvait être aussi fort, franchement. Dans la série, c’est trop ! Déjà, c’est tourné dans ma cité et dans celle de Joey (Starr). L’appartement de chez mes parents, c’est la copie conforme, du papier peint jusqu’aux meubles. C’est impressionnant. Les codes vestimentaires, l’atmosphère dehors, ils ont fait un boulot impressionnant. La vie a changé et recréer tout ce truc, c’est vraiment impressionnant. Ca m’a mis les poils, et pas qu’une fois.

Sur votre page Instagram, on peut lire « Poker player for life, football addict ». A une époque, on aurait pu penser que ça aurait été l’inverse…
Ma passion en tant que pratiquant, c’est le poker aujourd’hui. Le foot, c’est devant la télé. A l’époque, c’était l’inverse. Quand il y a eu les premières diffusion de poker à la télé, avec le World Poker Tour, je regardais ça dans la peau d’un amateur. Et aujourd’hui, je suis aux tables.

Vous étiez néanmoins tout près de devenir footballeur professionnel…
Je n’avais que quinze ans et demi, donc le parcours était loin d’être fini (NDLR : Il a joué au Racing92 avant de décliner la proposition du centre de formation de Lens), mais c’était prometteur, mais comme pour beaucoup de mômes. Dans ma tête, je pensais devenir pro, c’est vrai. Le foot, c’était mon truc.

Finalement, c’est dans le poker que vous vous êtes fait un nom. Comment avez-vous découvert le poker ?
Je jouais au poker fermé à la cité, mais sans oseille, enfin pour trois francs six sous. Je ne connaissais pas les règles de cette variante qu’est le hold’em et j’ai vu Patrick Bruel présenter les premiers World Poker Tour. Après, ce n’est pas compliqué d’apprendre les règles du No Limit Hold’em quand tu sais jouer au poker fermé. Tu comprends vite qu’il y a un flop, un turn, une river, que tu peux miser là… Il y a juste techniquement que tu ne sais rien de ce jeu.

Comment avez-vous commencé ?

Moi, j’étais en vacances, il y avait un casino, je suis entré, j’ai joué en cash game, quelqu’un m’a dit que je pouvais jouer de chez moi sur mon ordinateur. J’ai mis le doigt dedans, puis les bras et la tête, j’ai eu la chance de signer chez PokerStars et de faire une aventure avec Poker Leaders. Aujourd’hui, je suis chez Winamax depuis dix ans. C’est ma dixième année.

« En football, je serais le porteur d’eau de Zidane »

Chez Winamax au sein de la Team Pro, vous formez une équipe monstrueuse…
Eux, ce sont des monstres, oui, pas moi (rires). Il y a forcément du travail, j’ai beaucoup travaillé mon jeu. Aujourd’hui, beaucoup moins, et j’ai la chance de traîner avec des gens sur les tournois et ça parle de poker pratiquement tout le temps. Donc tu entends les coups, et même si je ne travaille plus mon jeu, on me donne des petites cartes pour progresser. J’ai cette chance de pouvoir progresser au sein de cette Team, mais j’ai conscience des gens qui sont là. En football, je serais le porteur d’eau pour Zidane, en gros (rires). Verratti ? Non, c’est encore trop haut (rires). Il faut être conscient de ça, surtout que sur les tournois, il y a une partie de chance qui joue. La deuxième place que j’ai faite à Monaco, qui était énorme, c’était contre les meilleurs du monde. Donc je sais bien que ce jour-là, il a fallu que la chance soit un peu plus de mon côté, sinon j’aurais difficilement pu gagner. Je n’ai pas mal joué, j’ai même joué mon meilleur poker possible, mais à cartes égales, tu ne peux pas battre un mec qui est beaucoup plus fort que toi. Mais je suis content, fier, c’est une perf’.

Une perf’ venue récompenser un travail sur de longues années…
Oui, j’ai imposé mon style de jeu dans ma tête. Je connais mes qualités, et ça, c’est très important au poker. Il ne faut pas se prendre pour un autre. Et ce n’est pas parce que tu as entendu un coup dernièrement qu’il faut penser que tu vas pouvoir le réussir la partie d’après. Il faut rester tranquille, savoir ce que tu fais, comprendre ce que fait l’autre.

Quel est votre plus beau souvenir de poker ?

J’ai terminé 4eme de l’EPT de Madrid en 2012. Tu touches de l’argent quand même, mais j’ai pris un bad beat sur un coup, sinon, je pouvais gagner le tournoi. C’est sur cinq jours, c’est un peu la Ligue des Champions du poker, tu arrives dans les quatre derniers. Emotionnellement, c’était énorme !

Et un beau coup, en gardez-vous un en tête ?

Quand tu as passé un beau bluff, que tu l’as bien construit et que le mec a tanké (pris son temps avant de décider quoi faire) trois minutes et qu’il a passé alors que t’étais en bluff, t’es content.

Entre le cinéma et le poker, il ne doit plus rester beaucoup de temps pour votre vie de famille et vos proches ?
Non, parce que je ne suis pas tant sur les routes que ça. Généralement, je fais un truc par an. Bon, là, il se trouve que j’ai enchaîné « Syndrome E » et « Overdose » mais en gros, je fais un projet par an. Et le poker, ce n’est quand même pas tout le temps. Eux (les autres membres de la Team Pro Winamax), oui, c’est tout le temps. Mais c’est magnifique. J’arrive sur un tournoi, j’ai faim, j’ai envie de jouer, comme au cinéma. Mais ce ne serait pas le cas si je passais 150 jours par an en tournage ou sur des tournois.

Trouvez-vous malgré tout le temps de continuer de regarder les matchs de football et notamment du PSG en Ligue des Champions ?
Oui, je ne rate jamais, ça. Je me mets sur le canapé avec mon fils et on mange des chips.

« Quand Donnarumma touche la balle, je tremble »

Est-ce que cela peut être enfin la bonne année pour le PSG ?
Je ne sais pas. Peut-être un peu plus que les autres années, car c’est peut-être plus solide au milieu. Vitinha nous a fait un bien énorme. J’espère qu’il ne va pas trop se blesser et Verratti non plus, car on va avoir besoin d’eux tout le temps. Danilo Pereira, que je trouvais un peu long, fait un bon début de saison. Et devant, on a les trois « stre-mon » (monstres en verlan, sic). Surtout s’ils arrivent à jouer ensemble, parce que des fois, ils y arrivent. Derrière, en revanche, je suis toujours inquiet. Dans le but, Donnarumma il fait n’importe quoi. Ce n’est pas possible, c’est incompréhensible. Navas, il avait arrêté des buts et fait des matchs de fou, et tu le sors. Et la saison dernière, c’est Donnarumma qui nous a fait perdre en Ligue des Champions contre Benzema, pas un autre, et il recommence cette année. Il fait n’importe quoi au pied, même quand il n’est pas pressé. Quand il touche la balle, moi je tremble. Pareil avec Kimpembe, c’est un Titi, il en veut, ok, mais pour moi, c’est trop léger. Ramos, il a l’expérience, mais il est un peu lent. Hakimi, c’est un tueur quand il monte, mais il ne sait pas défendre. A gauche, même chose : Mendes, ce n’est pas un grand défenseur, même s’il apporte beaucoup devant. « Marqui » (Marquinhos), ce n’est plus le même. Je ne sais pas pourquoi.

Ce n’est pas très rassurant tout ça, à vous écouter…

Non, mais je ne suis pas rassuré. Et je vois jouer (Manchester) City, c’est une machine de guerre ! Et là, ils en ont un (Erling Haaland) devant… Heureusement que tout le monde disait que Guardiola n’arriverait pas à changer son jeu pour qu’Haaland marque. (Ironique) Bien sûr, on le sait bien : il est nul comme entraîneur Guardiola. Et ça fait un moment que ça dure. C’est comme nous, il n’arrivent pas au bout, mais ça joue, ça va loin, et ça met des roustes (sic). Avant, on disait que ça trimballait beaucoup le ballon mais que ça n’avançait pas assez. Là, ça y est : ils ont Haaland, ça part sur les côtés, centre tendu et l’autre, il fait des dingueries. Donc, non, je ne suis pas rassuré. Après, le « Ney » (Neymar) est revenu et quand les trois jouent ensemble devant, ils font plaisir. Parce qu’en plus, t’entends dire que Mbappé est trop perso – alors qu’il est meilleur buteur et passeur – et que c’est sa faute. Tout ça parce qu’il n’a pas donné un ballon à Neymar. Les gens sont trop forts : il a tenu Paris, il a tout fait tout seul. Arrêtez ! Il a 22 ans, c’est la plus grosse star du monde ou presque. On dit qu’il a le melon, mais sa vie, c’est une dinguerie : la pression, les matchs, ton père, ta mère, les matchs à cent à l’heure… Les gens viennent, ils n’ont rien fait de leur vie et ils disent qu’il a le melon.

Mbappé vous impressionne-t-il encore plus qu’avant ?

Mais c’est quoi ce monstre ! A 18-19 ans, il allait vite, mais j’attendais de voir, parce que techniquement, ce n’est pas Messi ni Neymar. Mais en trois ans, sa progression a été phénoménale. Avant, t’entendais dire que c’était un cheval qui courait, courait. Aujourd’hui, il casse des reins tout le temps, et il a un de ces pieds gauches ! Même s’il ne frappe pas souvent du gauche, il fait des crochets pas possibles. Il fait deux passements de jambe, une accélération, il passe entre deux mecs, tout ça dans quatre mètres carré, il est vraiment impressionnant ce gamin. Il n’y a pas de secret, c’est le 9-3 ! (rires)

Va-t-il permettre aux Bleus de conserver leur titre de champions du monde, selon vous ?
Je ne suis pas très confiant. Derrière, c’est une catastrophe, enfin, ça a été une catastrophe. Pavard, il a fait une frappe dans sa vie. C’est tout. Il s’est fait traumatiser par Hazard contre les Belges en demi-finales. Upamecano, il n’avait pas été bon, mais on le remet quand même. Varane, moi, je ne suis pas fan. Clauss, il en veut, il centre pas mal, mais ce n’est pas… Donc, non, je ne suis pas hyper confiant. Surtout que même Tchouameni, que je trouvais très fort à Monaco et que tout le monde encense au Real, a fait un sale match contre le Danemark. Bon, on ne va pas le descendre sur un match, mais quand même. Griezmann, c’est un bon footballeur, mais il ne fait plus rien, il faut trouver autre chose. Et on ne joue pas assez au ballon, ce n’est pas créatif. Pour moi, ça ne passera pas. Surtout que le Brésil, c’est fort. J’en fais mon favori, avec l’Espagne et le Portugal s’ils ne font pas n’importe quoi.

Vous semblez n’avoir jamais été un grand fan de Didier Deschamps, on se trompe ?
C’est solide, c’est sérieux, mais ce n’est pas fantastique. Déjà en 2018, je n’étais pas chaud sur lui de toute façon. Je n’ai pas vu de grand match. Contre la Belgique, on doit perdre en demies. Et ça ne joue pas bien au ballon, ça ne me plait pas. Là, il y avait douze blessés, donc on va enlever ce match, mais ça fait peur. On peut la gagner, comme toutes les grandes équipes. Il n’y a que sept matchs, il suffit de « chatter » un peu (sic), et voilà.

Pauline Schmitt

Written by Pauline Schmitt

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